08 novembre 2025

L’histoire de l’amiante au Québec : gloire, déclin et héritage d’un minerai controversé

L’histoire de l’amiante au Québec : gloire, déclin et héritage d’un minerai controversé

Pendant une grande partie du XXᵉ siècle, le Québec a été au cœur d’une industrie florissante : celle de l’amiante. Longtemps vanté comme un « minerai miracle » pour sa résistance à la chaleur et son faible coût, l’amiante a fait la fortune de régions entières, avant que ses effets dévastateurs sur la santé ne conduisent à sa chute. L’histoire de l’amiante au Québec est donc à la fois un récit industriel, social et humain, marqué par des luttes ouvrières, des transformations économiques et un débat éthique sur la santé publique.

 

Les débuts : la découverte et l’essor de l’industrie

La découverte de gisements d’amiante au Québec remonte au milieu du XIXᵉ siècle. En 1876, la première mine d’amiante est ouverte à Thetford Mines, dans la région de Chaudière-Appalaches. Quelques années plus tard, la ville d’Asbestos (aujourd’hui renommée Val-des-Sources) devient un autre centre névralgique de l’exploitation minière.

Rapidement, le Québec devient l’un des plus grands producteurs mondiaux d’amiante chrysotile (la variété dite « blanche »). Dans les années 1950, il fournit jusqu’à 85 % de la production mondiale. L’amiante est alors un symbole de modernité : on l’utilise dans les matériaux de construction, les freins automobiles, les isolants électriques et même dans les textiles.

 

Les conditions de travail et la grève de 1949

Derrière le succès industriel, la réalité ouvrière est difficile. Les mineurs sont confrontés à des conditions de travail ardues et à des environnements saturés de poussières d’amiante, dont les effets sur la santé commencent déjà à être suspectés.

En 1949, une grève éclate à la mine d’Asbestos, dirigée par les travailleurs qui revendiquent de meilleures conditions de travail et des salaires plus équitables. Ce conflit, soutenu par une partie du clergé et du mouvement syndical, devient un moment charnière de l’histoire sociale du Québec.
La « grève de l’amiante » est souvent perçue comme un prélude à la Révolution tranquille, car elle incarne la prise de conscience ouvrière et la remise en question du pouvoir économique et religieux établi.

 

Les débuts du déclin : la révélation des dangers

Dès les années 1960 et 1970, des études scientifiques démontrent que l’exposition prolongée aux fibres d’amiante cause de graves maladies : l’asbestose, le cancer du poumon et le mésothéliome. Les pays industrialisés commencent alors à interdire progressivement son utilisation.

Au Québec, le débat devient délicat : l’amiante représente une source d’emploi majeure pour plusieurs communautés. Les gouvernements successifs tentent de concilier santé publique et protection de l’économie régionale. On mise sur l’idée que le chrysotile québécois, jugé « moins dangereux » que d’autres types d’amiante, peut être exploité de manière « sûre ».
Cette position sera longtemps défendue, même sur la scène internationale.L’effondrement de l’industrie et la fermeture des mines

Malgré les efforts politiques et économiques pour sauver le secteur, la demande mondiale s’effondre. Les pays importateurs réduisent ou cessent leurs achats. En 2011, la mine Jeffrey à Asbestos ferme ses portes, marquant la fin symbolique d’une époque.

En 2012, le gouvernement du Québec met fin au financement public de l’industrie, et en 2018, le Canada interdit officiellement l’utilisation, la vente, l’importation et l’exportation de l’amiante et de produits qui en contiennent.

 

L’héritage : mémoire, santé publique et reconversion

Aujourd’hui, l’héritage de l’amiante est double. D’une part, il demeure un enjeu de santé publique, car de nombreux bâtiments construits avant les années 1990 contiennent encore de l’amiante. Les programmes de désamiantage représentent un défi technique et financier considérable.

D’autre part, les anciennes régions minières, comme Thetford Mines et Val-des-Sources, cherchent à se reconvertir économiquement. Certaines initiatives visent à transformer les résidus miniers en ressources valorisables (extraction de magnésium, de silice, ou de métaux critiques).

Enfin, sur le plan symbolique, la ville d’Asbestos a choisi en 2020 de changer son nom pour Val-des-Sources, tournant ainsi la page d’un passé lourd mais fondateur.

 

 

L’histoire de l’amiante au Québec est celle d’une promesse industrielle devenue tragédie sanitaire. Elle illustre à quel point le progrès technologique peut se heurter à la réalité humaine. Entre fierté ouvrière, souffrances silencieuses et reconversion nécessaire, cette histoire demeure un rappel essentiel : aucune richesse économique ne saurait justifier le sacrifice de la santé des travailleurs et des communautés.

 

Le Décontaminateur inc. a pour mission de contribuer à enrayer la problématique de la présence d'amiante dans les habitations et institutions au Québec afin d'aider les citoyens, travailleurs, étudiants et bénéficiaires à vivre dans un milieu sain et exempt de contaminant.